Après l'interdiction de pesticides nocifs, les oiseaux européens (re)pointent le bout de leur bec

Publié : 14h22 par Rubens Constantino

Les oiseaux de l'UE de retour après l'interdiction de pesticides nocifs

Crédit : Unsplash / Georgian Constantin

Bonne nouvelle pour la biodiversité : depuis que l’Union européenne a interdit les pesticides dangereux pour les abeilles en 2018, les oiseaux insectivores recommencent progressivement à réapparaître dans les campagnes. Une hausse encore légère, mais porteuse d’espoir.

Pour la première fois, une étude à grande échelle confirme un réel rebond des populations d’oiseaux depuis l’interdiction des néonicotinoïdes, ces insecticides tristement célèbres pour avoir décimé les abeilles pendant des années. Les chercheurs ont constaté jusqu’à 3 % d’augmentation des populations depuis 2018. Cela peut sembler modeste… mais l’étude porte sur 57 espèces différentes, ce qui donne à ce chiffre une portée bien plus importante. « Nos résultats montrent clairement que l’interdiction des néonicotinoïdes constitue une mesure de conservation efficace », explique Thomas Perrot, de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité en France.


Entre 2013 et 2022, les ornithologues ont analysé près de 1 900 sites agricoles et prairies. Résultat : 👉 +12 % de présence pour les oiseaux insectivores (pinsons, merles, fauvettes…). Ces espèces dépendent directement d’insectes sains pour se nourrir, d’où le lien avec la disparition des néonicotinoïdes.


Une reprise qui reste timide


Si les chercheurs restent prudents, c’est parce que les oiseaux sont soumis à d’autres pressions lourdes. D'abord le réchauffement climatique, avec en conséquences, des vagues de chaleur pouvant causer des incendies et la perte de leur habitat.  Selon les experts, un retour complet pourrait prendre 10 à 25 ans, comme cela avait déjà été observé après l’arrêt du DDT (Dichlorodiphényltrichloroéthane, polluant organique, ndlr.) au XXe siècle. Les scientifiques appellent ainsi à poursuivre les recherches pour confirmer cette tendance positive. Ils veulent aussi savoir si la remontée des populations d’oiseaux pourrait, à terme, réduire naturellement la présence d’insectes nuisibles, et donc limiter l’usage de pesticides au minimum.


Même si la remontée reste fragile, elle indique une chose essentielle : quand des mesures fortes sont prises pour protéger la biodiversité, la nature y répond positivement.