Etats-Unis : des pro-Trump envahissent le Capitole, 4 morts

7 janvier 2021 à 7h59 par Iris Mazzacurati

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Crédit : Brendan SMIALOWSKI / AFP

Scènes inimaginables à Washington : des partisans de Donald Trump ont envahi mercredi 6 janvier le Capitole, temple de la démocratie américaine, interrompant la session qui devait confirmer la victoire de Joe Biden. 4 morts sont à déplorer.

Les images de l'intérieur du majestueux bâtiment situé au cœur de la capitale fédérale américaine marqueront l'Histoire : élus portant des masques à gaz, agents de la police en civil arme au poing. Elles resteront à jamais associées à la fin de mandat tumultueux de Donald Trump, qui apparaît désormais extrêmement isolé dans son propre camp.

Depuis des mois, il refuse d'accepter sa défaite et souffle sur les braises de la division en brandissant des théories du complot. Hier, à la suite de son allocution où le président des Etats-Unis sortant avait à nouveau clamé : "nous ne concèderons jamais la défaite", des militants pro-Trump ont envahi le Capitol où se tenait la séance confirmant la victoire de Joe Biden aux élections présidentielles.

4 morts, 22 blessés, 52 interpellations

Des militaires de la Garde nationale ont été envoyés pour rétablir le calme après plusieurs heures d'extrême tension. Un couvre-feu est entré en vigueur dans la ville en fin d'après-midi.

Une femme blessée par balle à l'intérieur du Capitole est décédée peu après, a indiqué la police sans précisions sur les circonstances du drame. Trois autres personnes sont mortes "sur le terrain".

Selon Robert Contee, chef de la police, les forces de l’ordre ont également procédé à 52 interpellations, dont 26 dans l'enceinte du Capitole. Deux bombes artisanales ont été saisies.

Selon un premier bilan des blessés, huit manifestants ont été touchés ainsi que 14 policiers dans les affrontements.


Lors d'une allocution au ton grave, Joe Biden, qui s'installera à la Maison Blanche le 20 janvier, a dénoncé une attaque "sans précédent" contre la démocratie américaine. Après une coupure de plusieurs heures, le Sénat a repris en début de soirée le processus de certification de la victoire du démocrate, qui avait dénoncé, un peu plus tôt depuis le Delaware, un climat d'"insurrection".

L’Amérique et l’opinion internationale sous le choc

"Assaut impensable contre la démocratie", "anarchie", "dégoût" : des grands noms du monde des affaires aux Etats-Unis ont vivement condamné ces violences et exhorté le président sortant à intervenir et à accepter le choix des électeurs.

Dans la nuit, Emmanuel Macron a enregistré un message à l’attention des Etats-Unis, qu’il a posté sur Twitter : "Nous croyons en la démocratie" #WeAreOne. Il y appelle à "ne rien céder" face à la "violence de quelques-uns qui veulent remettre en cause" la démocratie.





La présidente du Rassemblement national et candidate à la présidentielle française en 2022 Marine Le Pen, qui avait dit en novembre qu'elle ne reconnaissait "absolument pas" la victoire de Joe Biden a déclaré sur France 2 : "Manifestement il (Donald Trump) n'a pas mesuré la portée de ses propos sur une partie de ces gens que la défaite a exacerbée".
La dirigeante d'extrême droite a estimé qu'on avait "le droit de contester une élection devant les tribunaux" mais que, "à partir du moment où la certification des votes est effectuée, il n'y a aucune difficulté, pour moi et pour quiconque d'ailleurs, pour admettre que M. Biden est président des Etats-Unis".

"C'est une faute politique" de n'avoir pas reconnu la victoire de Joe Biden, a estimé sur BFMTV et RMC le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau.

"Donald Trump n’a jamais été pour moi un modèle, une source d’inspiration. Ceux pour qui il l'est en France devraient y réfléchir à deux fois", a affirmé sur franceinfo la présidente ex-LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, en citant Marine Le Pen.

L'eurodéputé EELV Yannick Jadot a accusé le RN et sa présidente de "partager le délire de leur mentor et modèle Donald Trump", et le chef de file de LFI Jean-Luc Mélenchon leur a demandé "de retirer leur soutien à Trump", voyant dans les violences au Capitole "une tentative de putsch d'extrême droite".



(Avec AFP)