Pénurie de masques : Jérôme Salomon mis en cause par la Commission du Sénat

10 décembre 2020 à 13h00 par Iris Mazzacurati

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La pénurie est la conséquence de la "décision, prise en 2018 par le directeur général de la santé (J
Crédit : Pixabay - photo d'illustration

C'est un des plus gros cafouillages de la gestion de la crise du Covid. La commission d'enquête du Sénat impute la défaillance de masques au N°2 du ministère de la Santé dans son rapport rendu public jeudi 10 décembre.

La commission d'enquête du Sénat sur la crise de Covid-19 pointe la responsabilité de Jérôme Salomon, N°2 du ministère de la Santé, dans la pénurie de masques dont a souffert la France au début de l'épidémie.

Elle impute "directement cette pénurie à la décision, prise en 2018 par le directeur général de la santé (Jérôme Salomon, ndlr) de ne pas renouveler le stock de masques chirurgicaux", même si "elle est également la conséquence de choix antérieurs, tout au long des années 2010".

"Alors qu'il s'établissait à 754 millions d'unités fin 2017, le stock stratégique de masques chirurgicaux n'en contenait plus que 100 millions fin 2019", écrivent les sénateurs, qui ont mené de nombreuses auditions ces derniers mois.

Le tournant se situe selon eux en octobre 2018. Selon le rapport, François Bourdillon, alors patron de l'agence sanitaire Santé publique France, informe le Pr Salomon que "613 millions de masques chirurgicaux sans date de péremption acquis au mitan des années 2000 sont non conformes et ne peuvent en conséquence être utilisés".

"En outre, il lui est indiqué que le stock se compose désormais de 99 millions de masques chirurgicaux, dont 63 millions périment fin 2019", poursuit le rapport.

"Informé de la situation des stocks en 2018, le DGS a pourtant choisi de ne pas les reconstituer, sans en informer la ministre" (Agnès Buzyn, ensuite remplacée par Olivier Véran, ndlr), pointe le rapport.

Selon la commission d'enquête, le Pr Salomon a "ordonné l'achat de seulement 50 millions de masques (50 millions supplémentaires si le budget le permettait), soit moins que la quantité nécessaire ne serait-ce que pour renouveler ceux arrivant à péremption fin 2019".

Au-delà de la seule question des masques, la commission d'enquête du Sénat dénonce plus largement "un défaut de préparation, un défaut de stratégie ou plutôt de constance dans la stratégie et un défaut de communication adaptée" dans la gestion gouvernementale de cette crise sanitaire inédite.

(Avec AFP)