Loiret : un employé d’Amazon appelle à bloquer l’entreprise, son licenciement jugé abusif

20 octobre 2020 à 6h20 par Etienne Escuer

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Amazon a été sanctionné par les prud'hommes pour le licenciement d'un salarié.
Crédit : Pixabay

Un salarié d'Amazon Saran (Loiret), licencié après avoir appelé à bloquer sa propre entreprise, a obtenu gain de cause aux prud'hommes.

Le conseil des prud'hommes d'Orléans vient de reconnaître « sans cause réelle et sérieuse » le licenciement pour faute grave d'un employé du site Amazon de Saran (Loiret). Ce dernier avait lancé un appel au blocage de l'entreprise, fin 2018, lors du mouvement des Gilets jaunes. Le géant américain devra également lui verser 15 000 euros de dommages et intérêts, ainsi que plus de 6 000 euros d'indemnités de préavis, de licenciement et de compléments de salaire.

Il suggérait le blocage des entreprôts à l'approche du Black Friday

Les faits remontent au 18 novembre 2018 : l'employé avait écrit un message sur un groupe Facebook de gilets jaunes, en suggérant d’empêcher l’accès aux sites de l’entreprise. « Pour frapper un grand coup et nuire à l'économie, blocages des entrepôts Amazon. La semaine du Black Friday commence demain et c'est encore les plus aisés qui vont en profiter », avait-il écrit. Il avait alors reçu peu après une lettre de convocation reprenant les termes de son message et dénonçant une faute grave, avant d'être licencié sans indemnité quelques semaines plus tard.

Le jugement explique que « ce message vise plutôt le système économique et les inégalités sociales, dans un contexte passionnel national » et note que le salarié « ne dénigre pas la société dans laquelle il travaille ». Si les faits reprochés « peuvent être répréhensibles, ils ne peuvent en aucun cas justifier une procédure de licenciement pour faute grave », poursuit le conseil des prud'hommes. « Nous voulions que la justice dise qu'un salarié peut appeler à manifester devant son entreprise », a réagi l'avocat du salarié, Maître Avi Bitton. « A partir du moment où l'on reste sur la voie publique, on a le droit de manifester. Bloquer la circulation, c'est l'objet même d'une manifestation. Amazon a cru qu'il pouvait privatiser l'espace public », a-t-il estimé.

(Avec AFP)