Plan Hercule d’EDF : vers une hausse de la facture énergétique des Français ?

2 mars 2021 à 5h00 par Lucie Claussin

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Mobilisation de salariés d'EDF contre le plan Hercule.
Crédit : Thomas SAMSON / AFP ©

EDF vert, EDF bleu et EDF Azur : ce sont peut-être les trois nouvelles entités qui géreront l'énergie en France. Bien que ce projet de réorganisation d'EDF ne soit pas encore enclenché, il suscite la colère des salariés du groupe, qui multiplient les actions dans nos régions.

Depuis un an et demi, un projet de restructuration est au cœur de nombreux débats chez EDF : le plan Hercule. Ce projet suscite l’inquiétude des syndicats qui se mobilisent pour alerter les Français sur les conséquences à venir.

Selon les syndicats, ce projet signe le démantèlement d’EDF et "la mise à mort" du service public fournisseur d'électricité.

Près d’un salarié sur trois, selon eux, a participé aux quatre journées de mobilisation organisées depuis le mois de novembre, sur de nombreux sites de production d’énergie, notamment à la centrale nucléaire de Civaux dans la Vienne, celle de Chinon située entre Saumur et Tours, celle de Dampierre dans le Loiret ou encore celle de Saint-Laurent-des-Eaux en Loir-et-Cher.

 

EDF scindée en trois sociétés distinctes 

L’état, à l’origine de cette réforme, projette de scinder le groupe EDF, et de le diviser en trois filiales, afin d’en privatiser une partie. Cette désintégration réduirait EDF à devenir un simple fournisseur d’énergie électrique, ce qui serait la fin d’une part majeure de ses missions de service public.

Le découpage fomenté par le gouvernement est le suivant : 

 « EDF bleu » pour l’énergie nucléaire, et qui resterait sous le contrôle de l’état.

« EDF azur » pour la production hydraulique. Cette entité aurait la charge des barrages hydroélectriques dont les concessions seraient remises en concurrence.

« EDF vert », qui regrouperait les entités les plus profitables, s’occuperait des énergies renouvelables et de la distribution d’électricité, et serait ouvert aux investisseurs privés.

 

Maud Mathieu, déléguée syndicale centrale EDF pour la CGT nous explique dans les grandes lignes, les conséquences que pourraient avoir ce plan :

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L'enjeu serait de permettre à EDF, lourdement endetté, d'entretenir son parc nucléaire tout en investissant dans le développement des énergies renouvelables. En fragmentant ainsi le groupe EDF, le gouvernement espère aussi favoriser l’investissement privé dans le secteur des énergies renouvelables, peu attractif pour l’instant. 

Quelles répercussions pour les Français ?

Selon les syndicats, ce plan entraînerait tout d'abord une hausse des prix. Les tarifs pourraient significativement augmenter, avec la fin du tarif unique au niveau national. Conséquence directe : la fin de l’égalité de traitement des ménages, dont les ruraux seraient les premières victimes :

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Les impératifs du service public, dont la fourniture d’électricité 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 en tous points du territoire quels que soient les aléas climatiques, pourraient ne plus être garantis. Les choix ne seraient plus fait pour l’intérêt général, mais pour les appétits financiers.

Selon la CGT, ce projet s’apparente à un schéma purement financier et viserait à spolier un bien public sans envisager la moindre amélioration du service rendu à la collectivité nationale. Maud Mathieu invite tous les citoyens français à défendre l’électricité comme bien commun, et à se mobiliser contre cette réforme.    

Le 8 avril prochain, date anniversaire des 75 ans de la constitution d’EDF et Gaz de France, une mobilisation est prévue afin de demander, de nouveau, la nationalisation d’EDF.

 

Prolongement de la durée de vie de certains réacteurs français

  

En parallèle, EDF marque sa volonté de produire de l’énergie nucléaire. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a rendu la semaine dernière, un avis favorable à l’allongement de la durée de vie de 32 réacteurs français : 50 ans de fonctionnement désormais contre 40 auparavant.

Six réacteurs sont concernés dans les centrales de Dampierre dans le Loiret et Saint-Laurent-des-Eaux en Loir-et-Cher. L’ASN a cependant demandé à EDF d’améliorer leur sûreté en y réalisant des travaux.

Les opposants au nucléaire craignent que cette mesure encourage le gouvernement à continuer dans le nucléaire sans chercher d'alternative.