« T’as pensé à » : un compte Instagram pour mettre en avant la charge mentale

8 mars 2021 à 4h00 par Lucie Claussin

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Témoignage d'une femme, publié sur le compte instagram "T'as pensé à".
Crédit : Instagram Taspensea ©

De nombreuses femmes peuvent enfin mettre des mots sur ce qu'elles vivent et ressentent au quotidien : la charge mentale. Concept utilisé pour la première fois par la sociologue Monique Haicault en 1984, ce terme désigne la surcharge mentale, causée bien souvent par la gestion du foyer.

Penser, prévoir, anticiper. Avec le temps, ces actions peuvent devenir fatigantes voire épuisantes lorsqu’on le fait pour soi, mais encore plus lorsqu’on doit le faire au quotidien pour son conjoint et ses enfants. Ce phénomène a un terme : la charge mentale.

Afin de mettre en lumière les scènes du quotidien qui pèsent sur la vie des femmes, un compte instagram nommé « T’as pensé à » a vu le jour. Coline Charpentier, professeur d’histoire géographie et éditrice est à l’origine de ce projet traitant de la charge mentale et du travail domestique. Elle nous apporte quelques précisions :

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« Quand on est une femme dans un couple hétéro, ce n’est pas notre fonction première de tout gérer »

 

L’objectif de ce compte est de tirer la sonnette d’alarme et de sensibiliser les Français à ce phénomène qui touche la majorité des foyers. Ce compte vise aussi à légitimer la souffrance des femmes qui sont dans cette situation, et à leur donner un espace de parole où elles peuvent dénoncer la difficulté de devoir jongler entre vie professionnelle et vie familiale, surtout quand elles doivent gérer la majorité des tâches de leurs foyers. 

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Quand le cerveau ne souffle plus

La charge mentale, c’est organiser et planifier les besoins d’un foyer, et elle prend différentes formes. Cela comprend les besoins physiques : faire en sorte que tout le monde ait à manger, que la maison soit saine, que le linge soit propre… ainsi que les besoins émotionnels : faire en sorte que tout le monde soit en sécurité affective, en sécurité physique… quelques exemples parmi tant d’autres.

La charge mentale n’est pas à confondre avec les tâches domestiques, comme nous l’explique Coline Charpentier : « Quand on passe l’aspirateur, il s’agit d’une charge domestique. Mais penser à passer l’aspirateur à 9h le vendredi, parce que les enfants sont à l’école et qu’on à quelques instants de libre, il s’agit de charge mentale. On est en train de prévoir, de faire en sorte que cette tâche domestique ne vienne pas manger du temps en famille. »

 

 Un concept historique et sociologique

Selon Coline Charpentier, la charge mentale s’explique par des concepts historiques et sociologiques :

 

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« Nous sommes dans une société où dans le couple hétérosexuel, la manière d’aimer, et d’être un homme et une femme au sein du couple distribue des rôles, précise Coline Charpentier. D’un point de vue historique, on a beaucoup tourné vers les femmes vers "l’intérieur", et les hommes vers "l’extérieur" avec des carrières.

Actuellement, un homme qui s’occupe de la maison ou un père qui emmène ses enfants à l’école est souvent valorisé et perçu comme un super papa investi. Pour faire changer les choses, cela sera très lent. Globalement, dans les couples hétérosexuels, on a encore une inégalité structurelle majoritaire. Le travail domestique a souvent été mis de côté dans les luttes féministes, pourtant il est une base pour commencer une véritable nouvelle société. Le jour où nos couples seront égalitaires, on pourra dire que l’on aura bien avancé pour faire changer le monde ».

  

Mise en lumière de la charge mentale suite à la crise sanitaire

 

Avec les confinements successifs et les différentes adaptations mises en place, de nombreuses femmes ont dû jongler entre leurs vies de famille, leurs vies professionnelles, parfois en même temps lorsqu’elles devaient travailler depuis chez elle et garder leurs enfants, parfois à des horaires précis lorsque les magasins fermaient plus tôt.

 

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Pour découvrir tous les témoignages sur le sujet, direction le compte Instagram ou le compte Facebook « T’as Pensé à ».

Vous pouvez aussi apporter votre témoignage, en envoyant un mail à taspensea.collectif@gmail.com ou en remplissant le formulaire disponible sur cette page : taspensea.com

Des initiatives seront aussi prochainement lancées par le collectif « T’as pensé à », comme des enquêtes et des revues de presse, afin de mettre en avant les questions d’inégalités sur le travail domestique.