Rendez-vous médicaux non honorés : « 3 fois sur 4, les gens ne s'excusent pas »
28 septembre 2022 à 17h48 par Hugo Harnois
Chaque jour, en moyenne, un médecin se fait poser deux « lapins » par ses patients. Et au total, cela fait 28 millions de rendez-vous qui ne sont pas honorés chaque année.
De nombreux médecins sont très en colère contre leurs patients. En effet, certains d’entre eux ne viennent pas à leurs rendez-vous, sans prévenir leurs praticiens. Président du Syndicat des Médecins Libéraux (SML) dans le Loiret, le docteur Edmond Galipon a deux ou trois rendez-vous annulés par jour. « Parfois, ça monte à quatre mais c’est exceptionnel. Et trois fois sur quatre, les gens ne s’excusent pas. On en a ras-le-bol », déplore-t-il.
Travaillant dans « un désert médical » à 35 kilomètres au nord d’Orléans, le président assure que ce fait n’est pas propre à son département, mais bien général, et ne date pas d’hier. Selon lui, les gens qui ne préviennent pas leur médecin souffrent d’un « manque d’éducation. Ils font ça sûrement partout, que ça soit à la banque ou chez le notaire. Et ce sont toujours les mêmes ». Pour résumé : des personnes de moins de 40 ans, « mais le pire ce sont les 20-30 ans, c’est l’horreur. »
« Faire payer, c’est anti déontologique »
Pour lutter contre ce phénomène qui s’amplifie d’année en année, le Syndicat de l’Union Française pour une Médecine Libre (UFML) a lancé une pétition il y a plusieurs semaines, réclamant la facturation des rendez-vous non respectés. Mais le docteur Edmond Galipon est en désaccord avec la proposition de l’UFML qu’il n’a pas souhaité signer : « ça ne sert à rien, on ne peut pas facturer quelque chose que l’on n’a pas fait, on n’est pas des commerçants, on est médecins. Faire payer, c’est anti déontologique. Comment faire payer si la personne ne veut pas, on l’emmène devant un huissier ? C’est impossible. »
Plutôt que la punition, le président du SML préfère la jouer pédagogue. Lorsque l’un de ses patients a annulé sans prévenir trois rendez-vous, le docteur Galipon ne le refuse pas, mais lui propose la solution suivante : « il peut venir le matin entre 9 et 12h, et entre 14 et 17h, et je le prendrai quand j’aurai un créneau. J’inverse les choses, il attend et si ça se libère, je le prends. »
De plus, le médecin essaye de faire prendre conscience à sa patientèle du contexte sanitaire actuel : « je les responsabilise en leur disant qu’une personne n’a pas pu venir me voir et va aller aux urgences bêtement. Je leur dis donc de prévenir la prochaine fois. Et avec le nombre d’appels reçus, j’ai un autre rendez-vous qui est pris dans l’heure. Je suis plus pour la responsabilisation que la sanction. »