Télévision : quelles sont les habitudes des Français ?

6 mai 2024 à 6h00 par Hugo Harnois

Une femme regardant la télévision
Une femme regardant la télévision
Crédit : Pixabay - Libre de droit

86 pays (dont la France) ont été passés à la loupe de Médiamétrie pour connaitre les habitudes des téléspectateurs en 2023.

Comment vous regardez la télé aujourd’hui ? Vous êtes plutôt chaines classiques, ou nouvelles plateformes ? Séries originales, ou émissions de téléréalité ? Dans le monde, l’an dernier, d’après Médiamétrie, on a passé en moyenne 2h21 devant les chaines traditionnelles chaque jour, soit 4 minutes de moins qu’en 2022. Chez les jeunes de 15 à 34 ans en particulier, le temps est de 1h27 et a diminué de 3 minutes.

 

"Les chaînes nationales tirent la consommation télé en France"

Isabelle Maurice, directrice d’études à Médiamétrie, assure que la tendance est similaire en France : « ici, c’est assez particulier parce que les chaînes nationales représentent plus de 90% de la part d’audience globale du média télé, et c’est très stable par rapports aux années précédentes. Le reste de l’audience se fait sur tout ce qui est chaine thématique, locale ou étrangère. Mais ce sont bien les chaînes nationales qui tirent la consommation télé en France ».

Ces chiffres montrent par ailleurs que les marques audiovisuelles sont encore loin d’avoir dit leur dernier mot, grâce, notamment, à cette stratégie : « ces chaines ont aussi su d’adapter en développant des plateformes où l’on peut retrouver tout leur programme. C’est aussi pour coller aux besoins et aux nouvelles habitudes des téléspectateurs qui, il est vrai, regardent de plus en plus de programmes en replay, après leur diffusion. La preview est aussi de plus en plus importante aujourd’hui. » 

 

Koh-Lanta et Miss France cartonnent toujours 

On apprend également dans cette étude menée par Médiamétrie que les plateformes utilisent de plus en plus l'échelonnement des productions, afin de les inscrire plus durablement dans le temps, comme la dernière saison The Crown ou la série D’Argent et de Sang, diffusées en deux parties bien distinctes. « On va essayer de donner un rendez-vous aux téléspectateurs qui vont revenir la semaine suivante. Je pense que ça n’a rien à voir avec un manque d’argent, on va retrouver des codes de la télé sur les plateformes mais aussi, et de plus en plus, l’inverse, des codes de plateformes sur la télévision. On peut d’ailleurs noter qu’il y a de plus en plus de collaboration entre les chaines et les plateformes. Les frontières sont de plus en plus poreuses au sein de cet univers vidéo », analyse Isabelle Maurice.

L’an dernier, toujours en France, les programmes qui ont le mieux marché auprès des jeunes s’avèrent être des émissions de téléréalité ou événementielles. Mais pourquoi, tant d’années après leur création, des productions comme Koh-Lanta ou Miss France cartonnent-elles toujours autant ? « Ce sont des émissions très fédératrices. La télé reste un média qui permet de regrouper énormément de téléspectateurs au même moment. La télé capitalise sur ces forces : celles du live, de l’évènement, de l’info, du sport et donc, des grandes émissions qui continuent de fédérer au fil des ans. » 

 

Une peur de la nouveauté

Si on regarde plus attentivement chez nos voisins au Royaume-Uni, le top 20 des programmes les plus regardés par les jeunes adultes ne contient que trois productions originales. Le reste est issu de chaines traditionnelles (Les Simpson, Friends et The Big Bang Theory sont dans le Top 4). Est-ce que cela veut dire que les spectateurs ont peur de la nouveauté ? Pas du tout, pour la directrice d’études à Médiamétrie : « sur les plateformes, en mars dernier par exemple, en France, on va trouver des séries qui sont des nouveautés. Sur Netflix, je pense à Furies ou The Gentlemen. »

Sans vouloir « trop anticiper » les évolutions de nos pratiques, Isabelle Maurice pense que l’on devrait avoir « une année très riche sur la dimension événementielle », avec, en ligne de mire, les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Quoi qu’il en soit, « ce n’est pas la fin de la télé pour demain, les chaines se plateformisent et participent à cette nouvelle façon de consommer. »