Une paléontologue poitevine étudie les fossiles d’une loutre… de 200kg !

20 septembre 2022 à 8h00 par Étienne Escuer

Une loutre plutôt imposante.
Une loutre plutôt imposante.
Crédit : Sabine Riffaut, Camille Grohé – Palevoprim – CNRS - Université de Poitiers

Une équipe de paléontologues poitevins travaille sur les fossiles d’une loutre retrouvés en Ethiopie. Selon eux, l’animal pesait environ 200kg.

Imaginez une loutre de la taille… d’un lion ! C’est la découverte effectuée par le laboratoire Palevoprim, de l’université de Poitiers, qui travaille depuis plusieurs années sur des fossiles retrouvés en Ethiopie, dans la basse vallée de l’Omo. « Ils ont été découverts depuis les années 70 et jusque dans les années 2010 », explique la chercheuse Camille Grohé, qui étudie depuis un imposant fémur et des restes dentaires. « Cette loutre vivait il y a environ 3,5 à 2,5 millions d’années dans cette région du monde. »

 

Un mode de vie terrestre

 

Une découverte pas si anodine puisque selon les chercheurs, l’animal « devait peser plus de 200kg, plus qu’un mâle lion actuel », poursuit Camille Grohé. « On avait déjà des loutres de grande taille, mais jamais aussi grosses. » Mais c’est surtout son mode de vie qui a surpris. « On a découvert que cette loutre était terrestre et qu’elle se nourrissait d’une large gamme de proies, aquatiques ou terrestres, par la chasse ou le charognage », confie la chercheuse poitevine. « On s’attendait à ce qu’elle mange plutôt des tortues, crocodiles, poissons-chats ou mollusques. »

 

Comment, à base d’un fémur et de restes dentaires, peut-on déterminer le régime alimentaire d’un animal qui a vécu il y a plusieurs millions d’années ? « On a prélevé un peu d’émail dentaire et effectué des tests chimiques pour séparer deux atomes, le carbone et l’oxygène », détaille Camille Grohé. « Le carbone donne des informations sur le type de proie et l’oxygène sur la dépendance au milieu aquatique. On compare ensuite avec des valeurs sur d’autres animaux. »

 

Pas l'ancêtre de la loutre actuelle

 

D’autres méthodes existent également pour affiner les résultats, notamment pour déterminer si cette loutre était bien charognarde. « On prévoit de regarder plus de paramètres dentaires chez cette loutre mais aussi d’échantillonner d’autres loutres fossiles et des loutres actuelles pour avoir une meilleure idée de l’évolution des modes de vie », explique Camille Grohé.

 

Cette grosse loutre terrestre n’est toutefois pas l’ancêtre de notre loutre actuelle. « Il n’y a pas de descendance directe. Cette loutre s’est éteinte, il n’y a aucun représentant actuel », conclut la paléontologue poitevine.