Comment accompagner les enfants dans une alimentation équilibrée ?

25 juin 2023 à 19h30 par Élodie Quesnel

Les défis de la parentalité : les enfants et l'alimentation
Les défis de la parentalité : les enfants et l'alimentation
Crédit : Rédaction Wit fm

Comment s'assurer de donner une alimentation équilibrée à son enfant, le tout sans prise de tête, ni culpabilité ? C'est la question que l'on a posé à Coralie Béloubet, infirmière en PMI et Magalie Courquet, médecin en PMI, en Gironde.

Alors que l'obésité infantile est en hausse en France depuis plusieurs années, la question de l'alimentation est au cour des préoccupations des parents. Dès la grossesse jusqu'à l'adolescence, la façon d'aborder ce sujet peut avoir une incidence sur la vie d'adulte.

Une découverte des goûts déjà dans le ventre de la maman

La question de l'alimentation prend déjà une large place lors de la grossesse. "Il y a bien entendu tout le sujet autour des aliments à consommer ou non pour la maman, pour éviter toute infection", explique Coralie Béloubet, infirmière puéricultrice en PMI. "Mais il faut savoir que ce que l'on mange quand on est enceinte permet aussi au bébé une première découverte du goût. Avoir une alimentation variée et équilibrée est donc recommandée." Et pour ça, les deux professionnelles de santé recommande de se rapprocher de sa sage femme ou encore de la PMI, pour être conseillé au mieux. "On met du sens et de la bienveillance dans nos conseils pour comprendre au mieux pourquoi on doit ou non consommer tel ou tel aliment."

Allaitement maternel ou allaitement au biberon ?

C'est devenu un sujet qui peut diviser à la naissance : privilégier l'allaitement maternel ou celui au biberon. Pour Magalie Courquet, médecin en PMI, c'est un choix personnel, il ne faut pas culpabiliser. "Même si la question de l'allaitement maternel revient sur le devant de la scène depuis quelques années, du côté des professionnels de santé, le discours reste le même. Il faut que le choix de l'allaitement corresponde aux parents. Il ne faut pas culpabiliser par rapport au choix qui est fait. Même si on accorde à l'allaitement maternel un grand nombre de bienfaits, il vaut mieux un allaitement au biberon qui se passe bien, qu'un allaitement maternel qui soit forcé et qui peut être délétaire pour le lien mère-enfant, si jamais il ne se passe pas bien."

La diversification alimentaire : trouver le bon équilibre

Très rapidement, à partir de 4 mois, le sujet de la diversification alimentaire est évoquée par le pédiatre. "On considère que cette fenêtre entre 4 et 6 mois, pour introduire les premières textures lisses avec les purées, réduisait le risque d'allergie par la suite. Ces recommandations ont évolué au fil des études menées ces dernières années", explique Coralie Béloubet. "Maintenant, on sait que dans cette fenêtre, il faut introduire un maximum d'aliments. C'est le cas des oeufs, par exemple. Il y a encore quelques années, on permettait d'introduire l'oeuf dans l'alimentation après 6 mois. Aujourd'hui, on commence dès 4 mois", ajoute Magalie Courquet. 

La diversification alimentaire doit rester, pour les deux professionnelles de santé, un temps de découverte et de plaisir, pour l'enfant comme pour les parents. Mais aussi un moment de partager. "C'est un principe à appliquer à toutes les périodes de l'enfance et de l'adolescence. Le moment du repas doit se faire dans un environnement calme. Quand on parle de calme, c'est éviter les écrans. Ne pas allumer les écrans, le temps du repas et privilégier les interactions entre vous et vos enfants. Ça permet aussi d'être à l'écoute de la sensation de faim de l'enfant."

Car pour Magalie Courquet, il ne faut pas négliger ce point d'être à l'écoute de la sensation de faim. "Il ne faut surtout pas forcer l'enfant à terminer son assiette. Et ça dès le début de la diversification. Un bébé a une satiété innée. Si, il tourne la tête lorsque vous lui donnez une cuillère, n'insistez pas. Même s'il n'a mangé qu'une seule cuillère de purée. Si vous le forcez, il ne va pas plus savoir où placer le curseur en terme de satiété. Ce qui peut, plus tard entrainer des problèmes d'obésité, etc... Même chose un peu plus grand, quand il ne finira pas son plat principal. Ne le privez pas de dessert. On envoi un mauvais signal qui peut avoir des conséquences néfastes pour plus tard. Enfin, ne vous inquiétez pas, si votre enfant n'accepte pas les légumes verts à une certaine période. C'est tout à fait normal. C'est une phase qui touche 70% des enfants. Ca peut durer quelques semaines, quelques mois voir même quelques années. Mais il ne faut pas baisser les bras. Il faut proposer régulièrement ces légumes sous différentes formes, purée, en morceaux..."

Limiter l'obésité infantile

C'est un fléau qui fait des ravages dans les pays occidentaux : l'augmentation du nombre d'enfants en sur poids. La France n'y échappe pas ces dernières années. Et la crise sanitaire de la Covid n'a pas arrangé les choses. Selon un rapport publié par Santé Public France en 2022, la proportion d'enfants obèses a doublé durant la crise, passant de 2,8% à 4,6% durant ces deux ans. "On constate, nous aussi, cette tendance lors de nos consultations en PMI. La encore, on appelle les parents à communiquer avec l'enfant. Lui demander si ce dernier a une petite ou une grande faim avant le repas. Limiter aussi tous les apports sucrés, type gâteaux industriels ou encore sodas à des moments festifs comme un anniversaire. Et pour le goûter de l'enfant, privilégier les fruits ou encore une tranche de pain complet avec un peu de confiture ou une barre de chocolat. C'est tout aussi nourrissant qu'une barre chocolaté bourrée de sucre."

Les deux professionnelles de santé rappellent aussi qu'il est important de se référer au carnet de santé et à la courbe de poids à l'intérieur. "On ne le répêtera jamais assez : ne pas hésiter à parler de tout ça avec son médecin ou son pédiatre. Parfois il ne faut pas seulement se limiter aux chiffres sur la balance. Cette courbe permet de voir si la prise de poids est anormale ou non. Si elle suit la courbe haute mais ne part pas en flèche, on va surveiller sans pour autant commencer un régime drastique." Une courbe importante aussi dans la suspicion de cas d'anorexie ou de boulimie. "Là encore, pour les troubles du comportement alimentaire, il ne faut pas hésiter à parler avec son enfant et demander de l'aide à un professionnel de santé. Dans les cas de TCA, ils sont parfois plus difficiles à déceler, ils sont même parfois présents depuis de nombreuses années avant de poser un diagnostic. Se faire épauler par un ou plusieurs spécialistes est essentiel."