Créé à Angoulême, Blue Eye Samuraï a été « énorme pour nous »
27 février 2024 à 6h00 par Hugo Harnois
Sortie en novembre dernier sur la plateforme Netflix, la série animée Blue Eye Samuraï fait un gros carton, tant auprès du public que de la critique professionnelle. L’occasion d‘aller interroger le directeur du studio Blue Spirit, chargé de l’animation pour ce projet d’envergure.
Si vous êtes abonnés à la plateforme Netflix, impossible que vous n’ayez pas récemment vu passer la série animée Blue Eye Samuraï, ou le récit d’une vengeance terrible dans un Japon du XIIème siècle baigné par un racisme profond. Sortie en novembre, la série fait un carton, la preuve encore avec ces six Annie Awards (l’équivalent des Oscars pour le cinéma d’animation) reçus récemment, notamment pour la meilleure série télévisée, l’écriture, le montage, les effets spéciaux et la conception des personnages.
Un travail à Angoulême qui a plu à Netflix
Tandis que Blue Eye Samuraï a été créé et écrit par Amber Noizumi et Michael Green (déjà à l’écriture de Logan, Le Crime de l’Orient-Express ou Green Lantern), l’animation a été assurée par Blue Spirit, avec des studios basés à Paris, Montréal, et donc, Angoulême. À l’origine, l’équipe avait un contact avec les équipes de Netflix, à Los Angeles. « Ils avaient remarqué le travail qu’on avait fait sur pas mal de projets, notamment sur Les Mystérieuses Cités d’or, ce travail reconnu sur notre capacité à produire une image en 3D avec un rendu 2D. Tout ce travail leur a plu », explique le directeur de Blue Spirit à Angoulême, Didier Henry.
Ce « superbe projet » conséquent et comportant huit épisodes de 45 minutes a été « énorme pour nous, car en termes de durée, c’est conséquent à fabriquer. Ça a été un beau challenge », ajoute le directeur angoumoisin. Celui-ci précise que les plus grandes difficultés rencontrées ont été d’ordre technique : « quand on voit le nombre de personnages, la qualité des décors et des mouvements de caméras, il y a tout un travail préparatoire dans la façon dont on allait concevoir les plans. Ça parait simple, mais sur un projet comme ça, sur toutes les étapes de fabrication confondues, c’est plus d’une centaine de personnes qui travaillent pendant deux ans sur ce projet, et si on ajoute l’écriture, c’est entre trois à cinq ans. »
"Toutes les critiques sont positives"
Quelques mois après la sortie de Blue Eye Samuraï, Didier Henry et son équipe ne sont « pas déçus, toutes les critiques sont positives. » Certains membres du studio ont même pu participer à la fameuse cérémonie des Annie Awards, qui a eu lieu à Los Angeles le 17 février dernier. « Grâce à l’invitation de Netflix, quatre de nos graphistes ont pu aller là-bas, et recevoir les récompenses. On n’avait jamais eu ça avant. C’est chouette, car souvent on met en lumière des superviseurs et des responsables d’équipe, pas souvent les graphistes, là, l’animateur a aussi été reconnu dans son travail. C’est une très belle récompense pour tous les gens qui sont souvent dans l’ombre », explique le directeur.
Au-delà du petit écran, Blue Spirit est aussi derrière des poids-lourds cinématographiques comme Le Tableau ou Ma Vie de Courgette. À travers ses divers choix artistiques, on sent l’ambition du studio d’Angoulême, et sa volonté à se tailler une place de choix dans le paysage audiovisuel d’animation. « On a envie de qualité, de raconter de belles histoires, de proposer quelque chose de différent. » Et si pour le moment, rien n’est officiel, il est fort probable qu’une seconde saison de Blue Eye Samuraï voit le jour. Pour Blue Spirit, l’aventure continue.