L’Allemagne veut classer les drogues du viol comme des armes : vers des sanctions plus sévères

Publié : 17h11 par Rubens Constantino

Véhicule de police allemand
Véhicule de police allemand
Crédit : Unsplash / Jonas Augustin

L'Allemagne durcit sa législation face à l'explosion des violences sexuelles et domestiques. En classant les drogues du viol comme armes, le pays veut renforcer la protection des femmes et assurer des sanctions plus sévères contre les agresseurs.

L’Allemagne s’apprête à franchir une étape importante dans la lutte contre les violences sexuelles. Le ministre de l’Intérieur, Alexander Dobrindt, a annoncé que l’utilisation des drogues du viol sera désormais traitée comme l’usage d’une arme dans les procédures judiciaires. Une mesure forte, pensée pour renforcer la protection des victimes et durcir les sanctions contre les agresseurs.  « Nous classons les drogues du viol comme des armes. Cela crée la base pour des poursuites nettement plus strictes », a déclaré Dobrindt. Le gouvernement souhaite envoyer un message clair : la sécurité des femmes doit être garantie et les agressions sévèrement punies.

Une réalité préoccupante

En 2024, près de 54 000 femmes et filles ont été victimes d’infractions sexuelles, soit une hausse de 2,1 % en un an. Parmi elles, 36 % ont subi un viol ou une agression sexuelle. Un projet de loi prévoyant une peine minimale de cinq ans de prison pour l’usage de drogues du viol dans une agression sexuelle avait été discuté, mais son examen a été repoussé.

Les violences domestiques ont atteint un niveau record en Allemagne : 266 000 victimes en 2024, une hausse de 3,8 % et la plupart des victimes sont des femmes. La police fédérale alerte cependant : une grande partie des cas ne sont jamais signalés. « Nous devons encourager davantage de victimes à signaler les crimes », insiste Holger Muench, chef de la police criminelle fédérale.

Le gouvernement allemand multiplie les mesures concrètes. À savoir, d'abord, la possibilité d’équiper les agresseurs de bracelets électroniques, mettre en place des dispositifs d’alerte pour prévenir les victimes lorsque l’auteur s’approche ainsi que le financement d’une application sécurisée pour permettre aux victimes de documenter discrètement les violences et fournir des preuves utilisables en justice.

Un engagement qui s’intensifie

Près de 1 200 femmes et filles ont été victimes d’homicide ou de tentative d’homicide en 2024.

Même si les chiffres baissent légèrement, les autorités veulent renforcer la lutte contre les violences de genre, alors que l’Allemagne ne dispose pas encore d’une définition fédérale claire du féminicide.