Covid : Sanofi va aider à produire un autre vaccin concurrent et lance un nouvel essai

22 février 2021 à 13h45 par Iris Mazzacurati

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Sanofi se chargera de la formulation et du remplissage des flacons de vaccins Johnson & Johnson sur
Crédit : Pixabay - photo d'illustration

Faute de pouvoir proposer à ce stade son propre vaccin pour lequel il a lancé un nouvel essai clinique lundi 22 février, Sanofi va produire en France le vaccin contre le Covid-19 de son concurrent américain Johnson & Johnson, comme il s'apprête également à le faire pour Pfizer-BioNTech.

"Sanofi prendra en charge plusieurs étapes de la fabrication du vaccin contre la Covid-19 de Johnson & Johnson à partir du troisième trimestre de 2021", le temps d'acquérir, d'installer et de qualifier ses installations pour le vaccin à vecteur viral du concurrent américain , a annoncé le laboratoire français.

Le groupe pharmaceutique se chargera de la formulation et du remplissage des flacons sur son site français de Marcy-l'Etoile, près de Lyon, "en 2021, à un rythme d'environ 12 millions de doses par mois".

"Notre ambition, c'est d'en faire le plus possible, si on peut en faire plus pourquoi pas", a précisé le vice-président exécutif de Sanofi Pasteur, la branche vaccins de Sanofi, Thomas Triomphe.

C'est la deuxième fois que Sanofi met au service de la concurrence ses outils de production : il fabriquera à partir de l'été dans son usine allemande de Francfort plus de 125 millions de doses du vaccin à ARN messager mis au point par Pfizer-BioNTech.

L'urgence de la pandémie a fait naître des alliances inattendues entre les entreprises du secteur, parfois rivales. Le suisse Novartis, qui lui n'est pas lancé dans la course aux vaccins, s'apprête à faire de même pour BioNTech.

Pour le directeur général de Sanofi Paul Hudson, cet accord avec Johnson & Johnson "témoigne de la détermination de Sanofi à contribuer à l'effort collectif pour mettre fin à cette crise sanitaire le plus rapidement possible" et à faire "preuve de solidarité".

Ces coups de pouce interviennent après que le gouvernement français a demandé à Sanofi de mettre à disposition ses chaînes de fabrication pour accélérer la mise à disposition des doses tant attendues pour tenter de juguler une pandémie qui a fait près de 2,5 millions de morts dans le monde.

"Notre priorité absolue reste la fabrication de notre propre vaccin. Si on fait cette opération avec BioNTech ou Johnson & Johnson, c'est parce qu'on s'est assuré qu'on a par ailleurs la capacité de produire notre propre vaccin", a insisté Thomas Triomphe.

Le vaccin Sanofi - GSK en phase 2

Car s'il a essuyé des revers, le laboratoire français est déterminé à aboutir.

Il a également annoncé lundi qu'il débutait une nouvelle étude de phase 2 de son principal candidat-vaccin développé avec le britannique GSK et utilisant la technologie de la protéine recombinante, espérant le mettre à disposition au quatrième trimestre. Il était initialement prévu pour l'été 2021.

"Cette nouvelle étude de phase II évaluera le potentiel d'une formulation affinée d'antigènes dans le but d'obtenir une réponse immunitaire optimale, en particulier chez les adultes plus âgés", explique-t-il. La précédente étude de phase 1/2 avait conclu en décembre à une réponse immunitaire insuffisante chez les adultes âgés, "en raison vraisemblablement d'une concentration insuffisante d'antigènes".

Le nouvel essai sera mené sur 720 volontaires de plus de 18 ans aux Etats-Unis, au Honduras et au Panama. Si les données sont positives, une étude de phase 3 devrait débuter "en mai-juin" dans un "grand nombre de pays sur plusieurs continents", selon M. Triomphe, et le vaccin mis à disposition au quatrième trimestre.

Sanofi indique par ailleurs avoir commencé des recherches sur les nouveaux variants et "pouvoir préparer différentes formulations pour aller le plus vite possible quand il y en aura besoin", selon Thomas Triomphe.

Le laboratoire développe également un second candidat-vaccin avec la société américaine Translate Bio, reposant sur la technologie plus récente de l'ARN messager (celle utilisée par les vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna, déjà autorisés).

"Des données précliniques ont montré que deux injections du vaccin à ARNm induisent la production d’une concentration élevée d’anticorps neutralisants", selon Sanofi, qui entend commencer à tester le vaccin sur des volontaires humains, dans une phase 1/2, en mars.




(Avec AFP)