Les "premières de corvées" lancent un appel à "la grève de tout" en cette journée des droits des femmes

8 mars 2021 à 14h00 par Iris Mazzacurati

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Les femmes sont appelées à s'arrêter symboliquement, lundi à 15h40, heure théorique où elles cessent
Crédit : Pixabay - photo d'illustration

Les femmes, "premières de corvées" dans la crise sanitaire, sont appelées à faire "grève de tout" et à manifester lundi 8 mars, journée de lutte pour leurs droits.

Ecarts de salaires, discriminations, violences sexuelles et sexistes renforcées avec la crise du Covid-19 et les confinements... "On arrête toutes lundi", a lancé dimanche 7 mars à Paris Suzy Rojtman, du Collectif national pour les droits des femmes.

Une première mobilisation a déjà eu lieu, samedi, à Paris, à Nice, Lille et Strasbourg, et dimanche à Lyon, Marseille, Montpellier, Toulouse ou encore Bastia.

Pour la journée internationale des droits des femmes, date symbolique officialisée en 1977 par l'ONU, une quarantaine d'organisations ont lancé un mouvement unitaire baptisé "Grève féministe" pour "mettre fin aux discriminations et aux violences sexistes et sexuelles" subies par celles qu'elles ont rebaptisées les "premières de corvées".

De nouveaux rassemblements sont prévus dans toute la France. A Paris, une manifestation s’est lancée de Port-Royal pour rejoindre la place de la République en début d'après-midi. Des préavis de grève ont été déposés dans l'Education nationale, le rail, l'énergie ou encore à La Poste.

15h40, heure symbolique

Symboliquement, les militantes appellent les femmes à s'arrêter lundi à 15h40, heure théorique où elles cessent d'être rémunérées compte tenu de l'écart moyen de salaire avec les hommes, tous contrats confondus (environ 25%).

Associations féministes et syndicats, parmi lesquels la FSU, la CGT, Solidaires, Osez le féminisme et le Planning familial, ont appelé à se mettre "en grève avec les femmes du monde entier".

Dans un rare communiqué commun, sept des huit grandes organisations syndicales, dont la CFDT, ont réclamé l'ouverture de négociations pour "revaloriser les salaires des métiers à prédominance féminine".

Des "quotas" de femmes dans les directions d’entreprises

Dénonçant une société "faite par les hommes pour les hommes", la ministre déléguée chargée de l'Egalité femmes-hommes s'est dite dimanche favorable à des "quotas" de femmes dans les comités de direction des entreprises.

"Les femmes peuvent être méritantes, talentueuses, mais on ne les laisse pas arriver aux postes qu'elles méritent", a relevé Elisabeth Moreno.

Le sujet devrait être évoqué lors de l'examen de la proposition de loi visant à "accélérer l'égalité économique et professionnelle", déposée lundi 8 mars par les députés LREM.

Les résultats de l'index de l'égalité femmes/hommes dans les entreprises, publiés lundi, indiquent que cette année, 70% des entreprises de plus de 50 salariés ont publié leur note contre 59% l'année dernière.

Mais si en dépit de la crise, "les entreprises ont été au rendez-vous", cela "progresse insuffisamment", a commenté la ministre du Travail lundi sur RTL. Seulement 2% d'entre elles obtiennent la note de 100. "98% ont des marges de progrès", a souligné Elisabeth Borne, citant "parmi les bons élèves" les enseignes Brioche Dorée, Nicolas et la Française des Jeux, tandis que Monsieur Bricolage, Havas Voyages et Foncia sont parmi les plus mal notés.

1 000 lettres inspirantes

Le gouvernement profite aussi de ce 8 mars pour lancer une opération baptisée "1 000 possibles" afin de "donner confiance à toutes les femmes". Ainsi, toutes les petites filles qui naîtront en cette journée - environ un millier naissent chaque jour - devraient recevoir la lettre d'une personnalité féminine "inspirante" pour passer "un message universel d'espoir".

Parmi elles, la créatrice Agnès B, les chanteuses Pomme et Nolwenn Leroy, l'écrivaine Grace Ly, les sportives Mélissa Plaza et Clarisse Agbegnenou, la navigatrice Capucine Trochet ou encore la militante Latifa Ibn Ziaten.



(Avec AFP)