Santé : accélération de la désertification médicale

8 décembre 2020 à 14h08 par Iris Mazzacurati

FORUM
En 2019, 7,4 millions de Français habitaient dans un désert médical.
Crédit : PxHere - photo d'illustration

La désertification médicale s'est accélérée en France et pourrait encore se dégrader, selon une étude.

"L'offre (de soins) est mal répartie sur le territoire et elle se rétracte inexorablement", a affirmé, mardi 8 décembre, Séverine Salgado directrice santé à la Mutualité française, lors de la présentation du premier baromètre santé réalisé avec l'Association des maires de France (AMF).

En 2019, année sur laquelle porte l'étude, "11,1% des Français habitaient dans un désert médical", soit 7,4 millions de Français contre 5,7 millions en 2016 (8,6%).

Ces chiffres sont plus importants que ceux de la statistique publique (Drees) qui estimait en février à 3,8 millions de personnes le nombre de Français vivant dans un désert médical en 2018 (5,7% de la population).

Un désert médical est une zone où les habitants ne peuvent en moyenne bénéficier au plus que de 2,5 consultations de médecine générale par an.

"Si nous ne faisons rien, la situation va se détériorer", a prévenu Mme Salgado, rappelant que beaucoup de généralistes se rapprochent de l'âge de la retraite. "Or, c'est dans les départements où la densité médicale est la plus faible que les médecins sont aussi les plus âgés".

Des inégalités importantes selon les territoires

Selon le baromètre, la France dénombre en moyenne 151 médecins généralistes pour 100 000 habitants, mais les écarts sont très importants entre les départements. Celui de l'Eure est celui qui en compte le moins (94) et celui des Hautes-Alpes est celui qui en dispose de plus (248).

François Baroin, le président de l'AMF, appelle à un "big bang médical territorial" pour y remédier. "Nous avons formulé des propositions en termes de réorganisation de santé", a-t-il ajouté, rappelant que l'accès aux soins ne fait pas partie pour l'instant des compétences des maires.

Pour Thierry Baudet, président de la Mutualité française, "la santé ne peut être réduite à un schéma national et vertical se déclinant partout de la même manière", plaidant pour "une nouvelle alliance entre l'Etat et ses territoires".



(Avec AFP)