Raccourcir les vacances d’été ? « Aberrant », selon cette spécialiste

30 juin 2023 à 12h33 par Guillaume Pivert

Photo d'illustration
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Crédit : Pixabay

Emmanuel Macron a annoncé cette semaine vouloir réduire les vacances scolaires l’été. Claire Leconte professeur de psychologie à l’université et spécialiste des rythmes biologiques de l’enfant, appelle plutôt à une refonte des rythmes scolaires.

En déplacement à Marseille cette semaine, Emmanuel Macron a fait savoir qu’il souhaitait raccourcir les congés d’été des enfants. Si le projet est encore flou, il a suscité de vives réactions. Chez les enseignants évidemment mais pas seulement. Claire Leconte professeur de psychologie à l’université et spécialiste des rythmes biologiques de l’enfant, juge l’idée « aberrante ».

 

« Avec les chaleurs qu'on a, les salles de classe sont invivables », avance-t-elle avant d’ajouter que parmi les jeunes, « il y en a beaucoup qui cherchent un boulot pour avoir un peu d'argent de poche ». Reste aussi la question des familles séparées qui ont besoin « d'avoir suffisamment de temps pour que le papa et la maman profitent de leurs enfants ».


Trop de vacances

 

Claire Leconte souhaiterait plutôt que l’on diminue les congés scolaires le reste de l’année. « On est le seul pays à avoir quatre fois deux semaines de vacances, à cela s’ajoute les ponts, ça provoque des ruptures en permanence, et ça crée des désynchronisations au niveau des rythmes biologiques des élèves ».

 

Or, la chercheuse rappelle que notre corps a besoin de deux semaines pour prendre un rythme. « Ce qui veut dire que c'est à la fin des deux semaines de vacances que les enfants sont resynchronisés et retournent à l'école. Et donc, ils ont autant de temps pour se resynchroniser, ils ont du mal à se concentrer, etc », résume-t-elle.

Elle propose seulement quelques jours de repos à la Toussaint et réduire les vacances de février. Le corollaire, évidemment, c’est un plus grand nombre de jours de classe. « Il y a 140 jours dans l'année pour faire le programme, partout ailleurs, c'est 180 à 200 jours », dit la chercheuse. Selon elle, il faut repenser la manière d’enseigner. En primaire, elle réclame le passage à 4 jours et demi en allongeant les matinées.

 

« Cela permet de faire des alternances de séquences pédagogiques. On va faire une séquence abstraite de mathématiques, par exemple, puis après, on fera de l'art, ce qui va faire appel à la créativité. Donc, ça donne un temps de respiration à l'enfant. Ensuite, on repartira sur une séquence abstraite de français, par exemple, et l'enfant sera disponible pour continuer », affirme Claire Leconte. Au collège, elle préconise aussi de revoir les emplois du temps, trop denses.